Un développeur de Ace Attorney estime que la série n’aurait jamais vu le jour aujourd’hui à cause d’un ‘échec’ du premier jeu.

Alex Vandecker
Alex Vandecker
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Les défis des nouvelles propriétés intellectuelles dans l’industrie du jeu vidéo

Un ancien développeur de Capcom, qui a travaillé sur le premier jeu Ace Attorney, a récemment évoqué les difficultés que rencontrent les nouvelles propriétés intellectuelles (IP) de nos jours. Selon lui, il est fort possible qu’Ace Attorney n’ait jamais vu le jour en tant que série si le jeu avait été lancé aujourd’hui. L’auteur argue que les nouvelles IP n’ont pas la possibilité d’évoluer si le premier titre est considéré comme un « échec ».

Les commentaires de Masakazu Sugimori

Masakazu Sugimori, qui a composé la bande sonore du premier Ace Attorney et a prêté sa voix au personnage de Manfred von Karma dans la version japonaise, a fait cette déclaration en réponse à une publication sur X (anciennement Twitter) du producteur de Bandai, Taira Nakamura.

Nakamura a souligné dans son post que le lancement d’une nouvelle IP est devenu plus difficile aujourd’hui. En effet, si un nouveau jeu ne rencontre pas un succès immédiat, il est souvent rapidement considéré comme un échec et ainsi, on ne lui donne pas la chance d’évoluer à travers plusieurs titres.

La montée des coûts de développement

Dans son post, Nakamura a déclaré : « Avec la hausse des coûts de développement, créer une nouvelle IP est plus difficile que jamais. Les IP populaires ont généralement tendance à croître progressivement au fil du temps, à mesure que la série progresse. »

Il a ensuite évoqué des exemples emblématiques, tels que Pokémon et Monster Hunter, qui n’ont pas connu un succès fulgurant du jour au lendemain. Au lieu de cela, ces franchises se sont hissées au sommet de l’industrie grâce à plusieurs participations, démontrant la nécessité d’accorder aux nouveaux titres le temps et l’espace pour se développer.

Les conséquences d’un échec commercial

Nakamura a également ajouté que même lorsqu’un studio réussit à lancer une nouvelle IP appréciée des joueurs, cela ne garantit pas le succès. Avec l’augmentation continue des coûts de développement, certaines œuvres acclamées par la critique n’ont même pas l’opportunité de bénéficier d’une suite.

« Ce projet est alors étiqueté comme un ‘échec’ et, malgré son succès, il ne reçoit jamais de suite et n’a jamais la chance d’évoluer en tant qu’IP, » a-t-il écrit. « Mais les IP sont quelque chose que l’on cultive. Il est important de penser à long terme, pas seulement aux performances du premier lancement. »

Une expérience personnelle : l’exemple d’Ace Attorney

Masakazu Sugimori, en réponse au post de Nakamura, a déclaré qu’il partageait son avis concernant la difficulté des nouvelles IP à se lancer de nos jours. Il a pris l’exemple du premier Ace Attorney, qui, à l’époque, avait aussi été considéré comme un échec.

本当に同感。
何故なら逆転裁判も僕が関わった1の時点では「失敗」だから。

Il a rappelé que lors de la sortie du jeu, à une époque où des titres comme Resident Evil et Devil May Cry vendaient plus d’un million d’exemplaires dès la première semaine, Ace Attorney avait enregistré environ 70 000 à 80 000 ventes dans ses premiers jours. Bien qu’il pense que le jeu avait atteint le seuil de rentabilité, la perception à Capcom était que les ventes n’étaient pas à la hauteur des attentes.

Persévérance et succès

Malgré ces débuts modestes, Sugimori a fait l’éloge de Shu Takumi, le créateur d’Ace Attorney, qui n’a jamais perdu espoir. « Ils ont continué à développer la série jusqu’au troisième opus, et la reconnaissance du public a énormément augmenté, » a-t-il expliqué. Ce qui rappelle, une fois de plus, que la persévérance peut souvent porter ses fruits, même dans un marché impitoyable comme celui du jeu vidéo.

Les efforts déployés ont ouvert la voie à des adaptations en film, en pièce de théâtre et même en anime, permettant ainsi à la popularité de la série de prendre son envol. Sugimori a conclu qu’à ses yeux, Ace Attorney est une propriété intellectuelle que Capcom a soigneusement « cultivée » et qui est devenue un succès, grâce au dévouement de Takumi et de l’équipe de Capcom.

Un héritage durable : la franchise Ace Attorney

Depuis le lancement de la série en 2001, un total de 11 jeux Ace Attorney et spin-offs ont vu le jour. Dix d’entre eux sont jouables sur des systèmes modernes, grâce à quatre compilations. Cependant, l’un de ces titres, Professor Layton vs Phoenix Wright, un cross-over avec Level-5, demeurent exclusifs à des plateformes plus anciennes.

Ce parcours d’Ace Attorney met en lumière un phénomène plus vaste dans l’industrie du jeu vidéo. L’équilibre entre l’innovation et les attentes commerciales est délicat. Les développeurs doivent non seulement créer un produit attrayant, mais ils doivent également naviguer dans un paysage où la survie d’une nouvelle IP peut dépendre de ses performances initiales, souvent jugées trop sévèrement.

Les leçons à retenir pour l’avenir

Dans un environnement où les coûts de développement continuent d’augmenter et où les attentes du public atteignent de nouveaux sommets, l’importance de favoriser le développement des IP ne peut être sous-estimée. Les studios doivent être prêts à investir le temps et les ressources nécessaires pour permettre à ces nouvelles créations de se développer et de se perfectionner. Cela implique un mandat à long terme, dans lequel l’innovation est encouragée et les risques sont pris, même face à la possibilité d’un échec initial.

Pour le public français, qui est toujours avide de récits de qualité et d’expériences immersives, le message est clair : soutenons les nouvelles créations. Assurons-nous qu’elles aient la chance de se développer et de se perfectionner avant de juger leur succès. Les histoires et les personnages qui méritent d’être explorés et vécus méritent aussi notre soutien, car, comme l’illustre l’histoire d’Ace Attorney, cela pourrait bien conduire à des trésors ludiques inoubliables.

En somme, les réflexions de Sugimori et Nakamura soulignent la nécessité d’un changement culturel au sein de l’industrie du jeu vidéo. On doit encourager les développeurs à faire preuve de mythes, de créativité et d’innovation, tout en reconnaissant que chaque titre, petit ou grand, mérite une chance de prospérer. En fin de compte, la magie du jeu vidéo réside dans sa capacité à raconter des histoires uniques qui touchent les joueurs, quels que soient les obstacles rencontrés sur la route.

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