Ubisoft face à la pétition Stop Killing Games lors d’une réunion des actionnaires
Lors d’une récente réunion des actionnaires, Ubisoft a été vivement interrogé au sujet de sa position concernant la pétition « Stop Killing Games », qui appelle à une réglementation visant à empêcher que les jeux modernes deviennent inutilisables après la fin de leur support. Cette problématique soulève des interrogations légitimes au sein d’un public de plus en plus conscient des enjeux de la préservation des jeux vidéo.
Le mouvement Stop Killing Games
La pétition Stop Killing Games défie les législateurs d’introduire des mesures législatives qui empêcheraient les éditeurs de « détruire » des jeux vidéo qu’ils ont vendus aux consommateurs. Ce mouvement a notamment été motivé par la fermeture l’année dernière de « The Crew », un titre phare d’Ubisoft. La disparition de ce jeu a provoqué une réaction négative de la part des joueurs, qui se sont sentis trahis. Les joueurs ont décidé de prendre des mesures allant jusqu’à engager des actions en justice, ce qui a conduit Ubisoft à annoncer son intention de lancer des modes hors ligne pour « The Crew 2 » et « The Crew: Motorfest », offrant ainsi une lueur d’espoir aux joueurs affectés par la situation.
Un directeur confronté par les actionnaires
Lors de l’assemblée générale des actionnaires, relatée par Game File, le PDG d’Ubisoft, Yves Guillemot, a été confronté à un « interrogateur agressif » qui a abordé le mouvement Stop Killing Games et a insisté sur les plans de l’entreprise pour la préservation des jeux à l’avenir. Il est essentiel de remarquer que ces enjeux touchent une large communauté de joueurs, de développeurs et d’éditeurs, soulevant ainsi des questions sur la responsabilité des entreprises envers leurs clients.
La réponse d’Yves Guillemot
Guillemot a répondu : « Concernant la pétition, nous opérons dans un marché. Chaque fois que nous sortons un jeu, nous fournissons beaucoup de soutien pour ce jeu. Nous offrons également de nombreux services afin de garantir que le jeu soit accessible et reste jouable 24/7. Nous fournissons des informations sur le jeu et sur la durée pendant laquelle il peut être joué. Les joueurs et les acheteurs sont informés qu’éventuellement, le jeu pourrait être abandonné. »
Les défis de la préservation des jeux
Le PDG a ajouté que l’obligation de maintenir des jeux accessibles est un défi auquel tous les éditeurs de jeux vidéo sont confrontés. Sur « The Crew », Guillemot a noté qu’Ubisoft avait lancé en septembre 2024 une promotion de deux semaines qui proposait la suite pour seulement 1 €/$1 sur plusieurs places de marché en ligne. Par ailleurs, il a également annoncé des projets visant à rendre le jeu jouable hors ligne à l’avenir. Cette démarche démontre que malgré les défis, Ubisoft cherche des solutions pour améliorer la situation.
Guillemot a poursuivi : « Il s’agit d’un problème auquel nous sommes confrontés. Mais ce genre de problème n’est pas spécifique à Ubisoft. Tous les éditeurs de jeux vidéo sont confrontés à cette question. Vous fournissez un service, mais rien n’est gravé dans la pierre, et à un moment donné, ce service peut être arrêté. Rien n’est éternel. Nous faisons de notre mieux pour nous assurer que tout se passe bien pour tous les joueurs et acheteurs, car de toute évidence, le support de tous les jeux ne peut pas durer éternellement. »
L’impact de l’obsolescence des jeux vidéo
Guillemot a également abordé l’obsolescence des logiciels, affirmant que, chaque fois qu’il y a un composant de service, celui-ci peut finir par être abandonné. Il a expliqué : « À un moment donné, le logiciel peut devenir obsolète avec le temps. Beaucoup d’outils deviennent obsolètes après 10 ou 15 ans. Ils ne sont plus disponibles. C’est pourquoi nous sortons une nouvelle version. Nous avons donc la version deux puis la version trois. Mais il est clair que c’est un problème de grande envergure, et nous travaillons dessus. » Cette position est également partagée par d’autres entreprises du secteur, qui cherchent à s’adapter aux évolutions constantes du marché.
La pétition et son soutien croissant
En parallèle, une pétition lancée par Stop Killing Games visant l’Union européenne avait déjà recueilli près de 1,4 million de signatures au moment de l’écriture. Ce soutien massif a incité le groupe de lobbying Video Games Europe à donner une réponse, sollicitant une prise de conscience collective sur cette problématique cruciale. L’effet d’une telle mobilisation met en lumière une tendance émergente chez les consommateurs souhaitant une plus grande transparence et responsabilité de la part des éditeurs de jeux.
Contexte plus large de la préservation des jeux vidéo
Le débat sur la préservation des jeux vidéo est en pleine essor, alimenté par des incidents récents, des changements technologiques rapides, et une prise de conscience générale parmi les consommateurs. De plus en plus de joueurs réalisent que leurs investissements financiers dans ces jeux sont à risque, surtout lorsqu’un jeu ne peut plus être joué après la fin de son support. Le phénomène de la « mort » des jeux, où un titre devient soudainement inaccessible, devient à la fois un sujet de préoccupation mais aussi de discussion ouverte sur les responsabilités éthiques des développeurs et éditeurs.
La préservation des jeux vidéo est également un enjeu culturel qui mérite d’être discuté, tout comme l’est la préservation d’autres arts comme la musique ou le cinéma. De même que les films classiques peuvent être revus et appréciés, il est essentiel que les jeux vidéo aient la possibilité de vivre en dehors de leur cycle de soutien. Des initiatives ont déjà vu le jour à travers le monde, et l’Europe a un rôle crucial à jouer dans cette dynamique.
Les prérogatives des consommateurs dans cette bataille pour la préservation
Les consommateurs jouent un rôle fondamental dans cette bataille pour la préservation. À l’ère numérique, où tout est accessible en ligne, les attentes des joueurs évoluent. La génération actuelle de joueurs, qui a grandi avec le concept d’achat de jeux sous forme numérique, revendique des droits liés à leurs achats. Les discussions autour de la propriété des jeux, surtout dans le cadre des achats dématérialisés, sont plus que jamais d’actualité. Le soutien croissant à des mouvements comme Stop Killing Games témoigne d’un désir de changer la manière dont les jeux vidéo sont gérés une fois sur le marché.
Un avenir à définir pour l’industrie du jeu
Il est essentiel que l’industrie du jeu vidéo se penche sérieusement sur ces questions complexes pour définir un avenir où la préservation des jeux est intégrée dans leur modèle économique. Les discussions à ce sujet doivent continuer, et les éditeurs doivent s’engager à travailler non seulement sur des solutions techniques, mais aussi sur des approches responsables qui tiennent compte de l’impact de leurs décisions sur les joueurs. En définitive, la manière dont les entreprises répondent à cette problématique pourrait redéfinir leur relation avec les consommateurs à long terme.
Il en va de la responsabilité des dirigeants d’Ubisoft, et d’autres grandes entreprises du secteur, de comprendre que la fidélisation des joueurs passe également par la considération de leurs préoccupations. Les interrogations lancées lors de cette réunion des actionnaires ne sont qu’un aperçu d’un dialogue plus large qui devrait être ouvert à tous les acteurs du secteur. Des changements significatifs peuvent survenir si l’industrie décide de prendre le train en marche et de se réinventer en fonction des attentes de ses consommateurs.
Conclusion
En conclusion, le défi de la préservation des jeux vidéo est un sujet sérieux qui nécessite une action collective immédiate. Face à la pétition Stop Killing Games, les réponses d’Ubisoft montrent une prise de conscience, mais aussi un besoin urgent d’initiatives plus concrètes. La volonté des joueurs d’assurer que leur investissement dans les jeux vidéo reste viable sur le long terme ne peut être ignorée. La route qui mène à une meilleure préservation des jeux vidéo est encore longue, mais chaque voix compte dans cette lutte pour la survie des œuvres que nous chérissons tant.