Nintendo of America a engagé des poursuites judiciaires contre Tropic Haze, l’entreprise à l’origine de Yuzu, un émulateur de la Nintendo Switch particulièrement populaire dans la communauté du jeu vidéo sur PC. La plainte, repérée par le journaliste Stephen Totilo du site Game File, accuse le développeur de faciliter le piratage massif de jeux Nintendo en permettant à ses utilisateurs de contourner les protections techniques mises en place sur la console hybride.
Selon les documents déposés devant le tribunal, Nintendo avance que Tropic Haze et ses collaborateurs étaient pleinement conscients que leur programme servait à exécuter des copies illégales de jeux Switch. L’entreprise japonaise affirme que Yuzu « permet à quiconque de jouer à des titres piratés sur Windows, Linux ou Android », transformant ainsi les ordinateurs personnels en véritables consoles virtuelles capables de faire tourner des jeux protégés par le droit d’auteur sans aucune autorisation.
Nintendo cite notamment l’exemple du très attendu The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom, dont la fuite avant la sortie officielle aurait été facilitée par l’émulateur. Le géant du jeu vidéo évoque une « échelle colossale » de piratage, estimant qu’plus d’un million de copies du jeu circulaient déjà illégalement dans les dix jours précédant sa sortie mondiale, en mai 2023.
Dans la plainte, Nintendo déplore que Yuzu permette de contourner les dispositifs de sécurité intégrés à la console et d’accéder librement à n’importe quel jeu Switch sans dépenser le moindre centime :
« Avec Yuzu en main, rien n’empêche un utilisateur d’obtenir et de jouer à des copies illégales de pratiquement n’importe quel jeu conçu pour la Nintendo Switch, le tout sans verser un centime à Nintendo ou à l’un des centaines d’autres développeurs et éditeurs impliqués. »
Pour la firme de Kyoto, les actions de Tropic Haze ne relèvent pas seulement d’un usage technique de l’émulation mais d’une violation délibérée et massive de la propriété intellectuelle. Elle demande donc la cessation immédiate de la distribution de Yuzu, ainsi que des dommages et intérêts substantiels pour compenser les pertes subies.
Le dossier prend d’autant plus d’importance que Tears of the Kingdom s’est imposé comme l’un des plus grands succès commerciaux de 2023, avec plus de 20 millions d’exemplaires vendus à travers le monde. Seul Hogwarts Legacy a fait mieux cette année-là, confirmant le poids colossal de la licence Zelda dans l’écosystème Nintendo.
En lançant cette action, Nintendo réaffirme sa politique de tolérance zéro face aux outils de contournement et entend envoyer un message clair : même si l’émulation peut être défendue au nom de la préservation du patrimoine vidéoludique, elle devient illégale lorsqu’elle s’accompagne ou facilite la distribution de contenus piratés.

