Un éditeur rétro accusé de ressortir des jeux 16 bits avec des traductions fan plagiées

Alex Vandecker
Alex Vandecker
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Accusations de Plagiat contre Retro-Bit Publishing

Le célèbre éditeur de jeux rétro, Retro-Bit, est sous le feu des critiques pour avoir publié plusieurs jeux contenant des traductions de fans plagiées. Cette polémique suscite de vives réactions dans le monde du jeu vidéo, notamment parmi les passionnés de rétro-gaming qui apprécient ces traductions réalisées par la communauté.

Qui est Retro-Bit Publishing ?

Retro-Bit Publishing est spécialisé dans la réédition de jeux vidéo emblématiques des 8 bits et 16 bits, avec une prédilection pour les titres issus des consoles NES, SNES et Mega Drive/Genesis. Depuis sa création, l’entreprise a pour but de redonner vie à des classiques du jeu vidéo, permettant aux nouvelles générations de découvrir ces œuvres emblématiques, tout en offrant aux anciens joueurs une dose de nostalgie.

Ces jeux, souvent réservés au marché japonais lors de leur lancement initial, sont désormais accessibles au public international, notamment en anglais, pour la première fois. Cela représente un véritable atout pour les amateurs de jeux d’époque qui n’ont jamais eu la chance de profiter de ces œuvres dans leur langue maternelle. Néanmoins, la manière dont Retro-Bit s’est approprié certaines traductions soulève des questions éthiques et juridiques.

Un Programmeur Talentueux, Vraiment ?

Sur les pages FAQ de plusieurs de ses jeux, Retro-Bit met en avant un “programmeur talentueux” auquel ils attribuent le mérite de certaines traductions. Cependant, des accusations émergent, insinuant que cette affirmation pourrait être trompeuse. L’univers des traductions de jeux vidéo est particulièrement complexe, car il implique souvent des efforts considérables de la part de traducteurs indépendants qui consacrent temps et énergie pour rendre ces titres accessibles à un public plus large.

Les Accusations de Krokodyl

Le traducteur de jeux Krokodyl a récemment publié un billet sur son blog (repéré par Time Extension), dans lequel il accuse Retro-Bit Publishing d’utiliser des traductions réalisées par des fans pour au moins quatre jeux. Selon lui, les sorties de Retro-Bit pour Shockman Zero, Assault Suits Valken, Gley Lancer et Majyuo: King of Demons auraient des traductions anglaises qui sont soit identiques, soit tirées majoritairement de traductions de fans déjà disponibles en ligne gratuitement.

Des Preuves Visibles

Krokodyl présente plusieurs éléments en faveur de ses accusations. Par exemple, dans le cas de Shockman Zero, le traducteur Svambo avait dû créer sa propre police de caractères latine personnalisée pour le jeu, car la version originale n’utilisait que du texte japonais. Selon Krokodyl, la version de Retro-Bit du jeu utilise la même police de caractères. De plus, il accuse le programmeur de Retro-Bit d’avoir principalement repris la traduction d’origine de Svambo, en ne modifiant que quelques mots.

Pour illustrer son propos, Krokodyl cite une ligne du jeu traduite en anglais comme : “I’ll remember your name”. Cependant, Svambo avait décidé de changer cela en “I’ll put you on my list”. La version de Retro-Bit, utilisant la police de Svambo, se lit “I’ve put you on my list”. Cela soulève de réelles questions sur l’intégrité et la créativité requises dans le domaine de la traduction de jeux vidéo.

Des Apparences Troublantes

Krokodyl soutient avoir contacté Svambo concernant cette situation. D’après leurs dires, Retro-Bit aurait approché Svambo avec l’intention de payer pour la traduction, mais comme ils ne faisaient que de la programmation et n’avaient pas accès au traducteur qu’ils avaient utilisé, Svambo a décliné l’offre. Krokodyl suggère alors que Retro-Bit était au courant de l’existence de la traduction de Svambo.

Des Accusations Multiples

Parmi d’autres accusations formulées par Krokodyl, il est également affirmé que le programmeur de Retro-Bit a copié la police de caractères latine créée par le traducteur Aeon Genesis pour sa traduction de fan de Majyuo: King of Demons. Cela met en lumière un problème récurrent dans le monde du jeu vidéo : la protection de la propriété intellectuelle des travaux créés par des passionnés.

Peut-être que l’accusation la plus accablante concerne Gley Lancer. Krokodyl prétend que ce jeu plagie une traduction effectuée par le traducteur MIJET. Dans la version originale japonaise du jeu, les crédits de la « bonne fin » sont laissés en japonais. MIJET avait décidé de conserver ces éléments en respect des développeurs tout en ajoutant un crédit supplémentaire (en japonais) indiquant “English translation: MIJET”.

Une Situation Éclairante

Krokodyl affirme que ce crédit est toujours présent dans la version de Retro-Bit de Gley Lancer, et suggère qu’il n’a pas été repéré par le programmeur car il était inscrit en japonais. Ce détail met en avant le manque de vigilance et de respect pour la communauté des traducteurs de fans. Les traducteurs investissent souvent des heures de travail pour apporter une expérience plus riche aux joueurs, et il est essentiel que leurs efforts soient reconnus et respectés.

Le Silence de Retro-Bit

À l’heure actuelle, Retro-Bit n’a pas encore répondu aux accusations lancées contre elle. Ce silence pourrait s’avérer lourd de conséquences, surtout au regard du climat actuel autour des droits d’auteur et de la propriété intellectuelle dans le secteur du jeu vidéo. Les traducteurs de fans jouent un rôle crucial dans la préservation et la démocratisation de nombreux jeux qui, sinon, pourraient rester inaccessibles à la plupart des joueurs.

Conclusion : Un Avenir Incertain

Cette affaire soulève des problématiques essentielles sur la manière dont les entreprises de jeux vidéo traitent les œuvres créées par les fans. Les traductions de fans ne sont pas seulement un simple moyen de rendre un jeu accessible, mais représentent également le fruit d’un travail acharné et d’une passion immense. La communauté des fans joue un rôle indispensable dans la culture du jeu vidéo, leur travail mérite d’être reconnu et respecté, plutôt que d’être exploité sans rétribution ni crédit.

Il reste à voir comment cette situation évoluera et si Retro-Bit choisira de répondre aux accusations. La transparence et la reconnaissance des droits des traducteurs de fans sont essentielles pour garantir un écosystème de jeu vidéo équitable et respectueux à l’avenir.

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