Sega, le géant japonais du jeu vidéo, vient d’intenter une action en justice contre un développeur de jeux pour mobiles, l’accusant de violer cinq de ses brevets. Ce litige oppose Sega à Bank of Innovation, un studio japonais relativement discret mais qui s’est fait connaître grâce à son jeu populaire Memento Mori.
Selon les informations rapportées par l’Otaku Research Institute et relayées par GamesIndustry.biz, Sega réclame 1 milliard de yen, soit environ 6,6 millions de dollars américains, en dommages-intérêts. En outre, l’entreprise souhaite également obtenir une injonction judiciaire pour empêcher l’exploitation actuelle de Memento Mori.
La plainte déposée par Sega allègue que Bank of Innovation a enfreint cinq brevets détenus par Sega. Ces violations auraient notamment eu lieu dans le développement du jeu Memento Mori ainsi que dans le jeu mobile maintenant disparu, Phantom Beast Contract Cryptract.
Un des brevets en question concerne une mécanique de jeu qui vise à “éliminer les défis psychologiques contradictoires” liés à l’utilisation d’objets de jeu ayant un faible taux d’apparition, tels que des cartes rares. Cette technologie permet aux joueurs de jouer sans avoir besoin de transporter constamment de nombreux objets.
L’analyste industriel Dr Serkan Toto, sur la plateforme sociale X, a fait référence à ce brevet, le décrivant comme un “système spécifique facilitant la fusion de cartes de personnages identiques”. Selon Toto, l’ampleur des dommages demandés par Sega pourrait gravement compromettre la situation financière de Bank of Innovation, qualifiée d’entreprise “plutôt petite”.
Dr Toto a également suggéré que cette action en justice de Sega, suivant une démarche similaire de Nintendo contre le développeur de Palworld, Pocketpair, pour une infraction de brevet, pourrait indiquer une nouvelle tendance des grands studios japonais à rechercher des dommages et intérêts auprès de plus petits studios qui lancent par surprise des jeux à succès.
Bank of Innovation, de son côté, a répondu aux accusations, affirmant ne pas croire que son jeu porte atteinte aux brevets concernés. Le studio a exprimé son intention de clarifier la validité de ses revendications durant le processus légal. Il a aussi indiqué qu’il continuerait à proposer Memento Mori, quel que soit le résultat du procès, en prenant toutes les mesures nécessaires.
Cette affaire soulève des questions importantes sur les interactions entre innovation, création et protection des propriétés intellectuelles dans l’industrie vidéoludique, en particulier dans un contexte où les jeux deviennent de plus en plus complexes et techniquement avancés. L’issue de ce procès pourrait établir des précédents importants pour la manière dont les brevets sont gérés dans l’industrie du jeu vidéo, notamment pour les studios indépendants qui pourraient être dissuadés de développer certains types de mécaniques de jeu de peur de violer des brevets existants.