Le studio à l’origine de la célèbre série Poppy Playtime poursuit Google pour ne pas avoir suffisamment agi afin de retirer des imitations frauduleuses du Play Store de Google.
Cette série de survival horror épisodique a su rassembler un large public, malgré les préoccupations qu’elle tente d’attirer un public plus jeune que ce que ses thèmes d’horreur justifieraient. En effet, Poppy Playtime fait référence à un univers ludique qui, sous des apparences colorées et enfantines, aborde des thèmes bien plus sombres.
Ce succès fulgurant a inévitablement conduit à l’émergence d’imitateurs sur diverses plateformes de jeux numériques. Cependant, selon le développeur et éditeur de la série, Mob Entertainment, il y a deux jeux Poppy Playtime en particulier que Google ne parvient pas à supprimer.
Habituellement, si un jeu ou une application est publié sur une boutique numérique et enfreint un droit d’auteur, le propriétaire de cette boutique bénéficie d’une protection grâce au « DMCA Safe Harbor ». Cela signifie qu’ils ne peuvent être tenus responsables de l’infraction tant qu’ils retirent le contenu lorsque cela leur est demandé.
Cependant, selon une plainte déposée mercredi contre Google et le créateur des faux jeux (rapportée par TorrentFreak), Mob Entertainment affirme que Google « a renoncé aux avantages des dispositions de protection du DMCA ». Cela est dû au fait que les applications concernées sont toujours disponibles sur le Play Store de Google, malgré une demande de retrait déposée le 31 octobre 2024.
Les applications en question, intitulées Poppy Playtime : Chapitre 3 et Poppy Playtime : Chapitre 4, attribuées à un développeur nommé Daigo Game 2020 Inc, contiendrait de nombreux designs protégés par des droits d’auteur appartenant à Mob Entertainment. De plus, elles inciteraient les joueurs à acheter un « guide wuggy playtime mod » pour un montant variant de 30 à 95 dollars. Les joueurs qui s’acquittent de ce paiement seraient ensuite redirigés vers un lien qui ne fonctionne pas.
VGC peut confirmer que les deux applications « fausses » sont toujours disponibles sur le Play Store de Google, avec le Chapitre 3 affichant apparemment plus d’un million de téléchargements à ce jour.
Selon une chronologie fournie par Mob Entertainment, Google a reconnu avoir reçu une demande de retrait pour le Chapitre 3 le 1er novembre, mais un mois plus tard, il n’avait toujours pas répondu.
Mob Entertainment a donc contacté à nouveau Google le 5 décembre, à la suite de quoi l’application du Chapitre 3 a été retirée le 9 décembre.
Cependant, le 13 décembre, l’application a été réinscrite sur le site avec la même URL. Mob Entertainment soutient que, malgré avoir informé Google le même jour que l’application du Chapitre 3 était de retour, ainsi que la confirmation de réception de Google, les applications Chapitre 3 et Chapitre 4 sont toujours présentes sur le Play Store de Google à ce jour.
VGC peut confirmer que les deux faux jeux sont encore visibles sur le Play Store de Google. Selon les statistiques de Google Play, l’application imitatrice du Chapitre 3 a été téléchargée plus d’un million de fois, tandis que le Chapitre 4 a été téléchargé plus de 50 000 fois.
Mob Entertainment allègue que Google reçoit entre 15 et 30 % des revenus générés par les ventes non autorisées réalisées au sein des applications. De ce fait, étant donné qu’il a échoué à prendre des mesures adéquates pour répondre aux notifications DMCA, Google ainsi que le développeur des faux jeux, Daigo Game 2020, sont responsables.
Le studio exige une compensation pour atteinte aux droits d’auteur et aux marques, ce qui comprend des dommages-intérêts légaux de 150 000 dollars par œuvre, ainsi qu’une injonction empêchant Google et Daigo de mener d’autres infractions.
Ce cas soulève des questions importantes sur la responsabilité des plateformes numériques vis-à-vis des contenus qui y sont publiés. Dans un monde où les jeux vidéo connaissent un essor exponentiel, la protection de la propriété intellectuelle devient primordiale. Les studios de développement investissent énormément de temps et de ressources pour créer des univers immersifs et captivants. Il est donc trivial de voir des imitateurs profiter de leur succès sans y avoir contribué, mettant en péril l’intégrité des créations originales.
En outre, cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de lutte contre la contrefaçon et le plagiat dans le secteur technologique. En France, la législation sur la propriété intellectuelle est relativement stricte, et les organismes comme la Hadopi (Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet) jouent un rôle crucial dans la lutte contre le piratage. Toutefois, ces mesures contraignantes peuvent parfois sembler insuffisantes face à la rapidité avec laquelle de nouvelles applications et jeux apparaissent en ligne.
Il est essentiel que les développeurs, qu’ils soient indépendants ou de grands studios, continuent de se battre pour protéger leur travail. Cela pourrait prendre la forme de poursuites judiciaires, comme celle de Mob Entertainment, ou même de campagnes de sensibilisation afin d’informer les utilisateurs sur les dangers des applications contrefaites.
Parallèlement, les utilisateurs de jeux vidéo doivent également être conscients des risques qu’ils prennent en téléchargeant des jeux imitatifs. Ces applications peuvent non seulement engendrer des pertes financières dues à des achats non autorisés, mais elles peuvent également poser des risques en matière de sécurité, y compris des infections par des malwares ou des virus.
Dès lors, on peut se demander comment les grandes entreprises, comme Google, réagiront face à ces préoccupations croissantes. La pression sociale et médiatique pourrait les pousser à renforcer leurs filtres de contrôle afin d’identifier plus efficacement les applications frauduleuses avant qu’elles ne soient mises en ligne.
Bref, cette affaire illustre les enjeux cruciaux de la lutte contre la contrefaçon dans l’industrie des jeux vidéo et souligne l’importance pour les plateformes de protéger les droits des créateurs de contenu. Les utilisateurs doivent être vigilants et informer leurs proches des dangers potentiels liés aux applications non officielles. Une meilleure sensibilisation et des politiques plus strictes pourraient contribuer à un écosystème de jeux plus sûr et plus équitable pour tous.
Cette version étendue de l’article présente une analyse approfondie de la situation, tout en intégrant des réflexions sur le sujet de la propriété intellectuelle et des implications pour les utilisateurs et les développeurs de jeux vidéo.