La société Midnight Society, fondée par Guy ‘Dr. Disrespect’ Beahm, a annoncé qu’elle allait fermer ses portes, mettant ainsi un terme au développement de son jeu de tir inaugural, Deadrop, seulement six mois après s’être séparée du streamer célèbre.
Dans un communiqué publié sur ses réseaux sociaux, le studio, cofondé par Beahm, le vétéran de Call of Duty Robert Bowling, et le designer de Halo Quinn Delhoyo, a appelé les autres studios à venir en aide à ses employés restants pour leur trouver de nouvelles opportunités professionnelles.
“Nous exprimons notre sincère gratitude à chacun de nos membres de la communauté et nous sommes profondément désolés de ne pas avoir pu atteindre notre objectif ultime,” peut-on lire dans la déclaration.
Depuis trois ans, Midnight Society travaillait sur Deadrop, un jeu de tir à la première personne “vertical extraction shooter” gratuit, se déroulant dans un futur sombre et violent où les années 80 n’ont jamais pris fin.
Le jeu prévoyait d’incorporer des NFT et a proposé plusieurs démos jouables à des membres de la communauté, que le studio appelait des ‘snapshots’.
Le studio s’est distancé de Dr. Disrespect l’été dernier, à la suite d’allégations selon lesquelles il aurait envoyé des messages à caractère sexuel à un mineur. Quelques mois plus tard, il a annoncé un nombre “significatif” de licenciements, qu’il a justifiés par “de multiples défis inattendus.”
Plus d’un développement sur dix interrogé lors d’une enquête récente de l’industrie a déclaré avoir été licencié au cours de l’année passée. Dans l’enquête annuelle State of the Game Industry de la GDC, qui a interrogé plus de 3 000 développeurs de jeux de studios indépendants et AAA sur leur travail, 11 % des répondants ont indiqué avoir été licenciés au cours des 12 derniers mois, contre seulement 7 % lors de l’enquête de l’année précédente.
La fermeture de Midnight Society constitue un autre exemple des difficultés croissantes auxquelles sont confrontées de nombreuses entreprises de jeux vidéo aujourd’hui. Alors que l’industrie a prospéré pendant les confinements, de nombreux studios ont maintenant du mal à s’adapter à un marché en évolution rapide. De l’émergence des simulateurs de jeux en 3D au mouvement vers des expériences de jeux multijoueurs en ligne, le paysage des jeux vidéo est en constante mutation.
Néanmoins, la gestion des attentes des communautés de joueurs peut s’avérer délicate. Les développeurs sont souvent sous pression pour sortir des produits qui séduiraient un public toujours plus exigeant et diversifié. Dans le cas de Midnight Society et de Deadrop, la promesse d’un jeu innovant a suscité un grand intérêt, mais le studio a dû faire face à une multitude de défis, tant internes qu’externes.
L’affiliation de Dr. Disrespect, une figure controversée de Twitch, a également apporté son lot de difficultés. Alors qu’il a réussi à attirer des millions de fans et à bâtir une communauté robuste autour de sa marque, les allégations qui l’entourent ont nuancé cette image. La désunion entre le streamer et le studio a certainement compliqué les efforts de développement et probablement affecté le moral des employés.
Ce n’est pas un phénomène isolé. D’autres studios comme Telltale Games et Beamdog ont également fait face à des situations similaires, où des changements brusques dans la direction créative ou des problèmes financiers ont conduit à des fermetures ou des réductions d’effectifs. Cela soulève la question de ce qui doit être fait pour que les studios de jeux vidéo puissent se stabiliser et croître durablement à long terme.
De plus, les enquêtes récentes montrent un climat préoccupant dans l’industrie du jeu. Les licenciements qui ont touché une partie significative des développeurs soulignent non seulement un changement dans la demande de jeux, mais aussi la nécessité d’une meilleure approche en matière de gestion des talents. Dans une industrie aussi voyageuse par nature, la stabilité de l’emploi est un défi constant.
Pour de nombreux développeurs de jeux vidéo, la passion pour leur art se heurte à des réalités économiques dures. La fermeture de Midnight Society est un rappel pénible des réalités du secteur. Les grandes idées peuvent être freinées par des problèmes financiers, des changements de direction ou des controverses entourant des figures emblématiques. Alors que le drame autour de Dr. Disrespect a eu un impact sur le studio, il est clair que des forces plus larges jouent également un rôle dans la santé de l’industrie.
La question qui se pose est : que peut-on faire pour améliorer la situation des studios de jeux vidéo, en particulier ceux qui tentent de faire leurs preuves dans un marché concurrentiel ? La clé se trouve peut-être dans une collaboration fructueuse entre les studios, une culture de travail plus inclusive et, surtout, une gestion proactive des attentes des communautés autour de leurs projets. Une communication claire et une transparence en matière de défis peuvent également aider à maintenir la confiance et à réduire les frustrations des joueurs et des employés.
Pour ceux qui ont suivi le parcours de Midnight Society, il ne fait aucun doute que la conséquence de cette fermeture résonnera bien au-delà de ses produits inachevés. C’est un moment de réflexion pour l’ensemble de l’industrie, où des leçons doivent être tirées pour éviter de répéter les mêmes erreurs. Au-delà des jeux et des développeurs, ce sont les histoires humaines, les passions, et les luttes de ceux qui œuvrent pour créer des expériences divertissantes qui souffriront alors que le paysage continue d’évoluer. L’avenir de nombreux talents pourrait dépendre de la capacité de l’industrie à relever ces défis et à embrasser un changement positif.